Mon Ange, résidence au Clastic théâtre
Aurélia Labayle et Aurélie Vilette poursuivent leur exploration et leur adaptation scénique du roman Mon ange de Guillermo Rosales dont elles nous avaient présenté les premières ébauches lors du précédent laboratoire.
Si le fauteuil qui servait à la figuration des différents personnages de ce roman a pour le moment quitté la scène, la piste des objets, d’une forme « d ‘objétisation » de ces même figures, est toujours au coeur de leurs interrogations. Chaises, Tube de médicament, boîte de conserve, instruments de musique servent tour à tour à évoquer un lieu ou à symboliser un des protagonistes. Le duo travaille tant sur la fonction d’usage de ces objets que sur leur capacité d’évocation. Ainsi le tube de médicament, utilisé en tant que tel devient un des patient du « boarding home » dans lequel évolue William Figueras.
Là où, lors de la précédente présentation, elles avaient exploré l’idée d’un duo de conteuses, de passeuses de textes, elles se confrontent désormais à leur propre solitude, chacune essayant de s’approcher au plus près d’une certaine incarnation : elles font vivre, elles donnent à voir les personnages évoluant dans cet univers, elles suggèrent parfois par un mouvement de main, par une voix modifiée mais elles se laissent traverser tant par les personnages que par les lieu. Un saxophone dont on joue devient alors à lui seul l’extérieur, la ville avec ses accents jazzy.
Ainsi leur exploration avance, elles nous proposent davantage de texte. Nous quittons pour la première fois le boarding home. Nous entrons un peu plus dans le parcours de William Figueras. Nous ne sommes plus dans le huis clos de la dernière fois. Cette ouverture, comme ce texte, nous propose un espace de possible qui laissera en suspens jusqu’à la prochaine présentation un « pourquoi ? ». Car ce qui reste au centre de ce travail est la raison pour laquelle ces corps de femme sur scène viennent nous raconter cette histoire qui semble résonner fortement chez les deux interprètes.
La suite au prochain Labo.
Rémy Deulceux