Adela
de Daniel Veronese
Mise en scène : Françoise Viallon Murphy, Sarkaw Gorany
Direction artistique, scénographie, jeu : Aurélie Vilette
Lumières : Marie-Noëlle Bourcart
Photos : Bruno Cabanis
Vidéo : Yves Kohen
Dans la rue, Adela a trouvé des boîtes avec des chemises, laissées pour elle par le mystérieux Monsieur Carvé. Adela racomode les fils de sa vie et invente un décousu récit, comme une histoire policière, comme un conte cocasse, comme une confession, maintenant jusqu’au bout en haleine un spectateur qui doit lui-même démêler le vrai du faux.
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Propos
Adela, fille de rien, de nulle part, déboule dans son no woman’s land et vide son sac. Adela, jetée là, comme les fripes qu’elle trouve dans la rue et qu’elle ramasse, usées, elle – abusée – que l’on consomme et que l’on jette.
Elle dévide au fil de sa pensée encombrée celui décousu de sa vie. Un récit fantastique (fantasmé ?) haché de pauses et d’oublis sans queue ni tête à travers lequel elle tente de se dire, de se trouver, de se justifier devant un jury qu’elle s’invente : aveu inconscient d’une faute à se faire pardonner et qu’elle n’aurait jamais commise.
Difficile de déceler le vrai du faux dans ce labyrinthe de parole et ce trop plein d’images obsédantes : un passé peuplé d’hommes-loups, de fantômes, de bruits dans la serrure, de voix d’enfants. Tout cela est-il réel ou dans sa tête ? Qui de la poule ou de l’œuf était là en premier docteur ?
Adela est-elle ou n’est-elle pas ?… Elle est tous les personnages de son récit à la fois, amassés en elle, dont elle endosse le costume comme autant de pelures d’oignon, voix qui l’habitent et qu’elle régurgite. Elle ne se différencie pas des autres. Elle est les autres. Adela, un nom qui sonne comme une énigme… L’énigme irrésolue de sa propre histoire qui se mord elle-même la queue et dont on ne connaîtra jamais le mot de la fin.
Scénographie
Un espace vide, décalé, poétique, petite scène, lieu atypique ou désaffecté, halle, kiosque, grande salle de café…
et des objets, jetés là :
C’est d’eux que naîtra l’histoire. Adela les emmène chez elle, cintres, vieil imperméable, les suspend à nulle part, les fait vivre. La scène se peuple peu à peu de ces présences absences : hommes invisibles échappés de la mémoire, qui séduisent, menacent ou s’envolent en fumée.
Deuxième partie. Plongée, dans l’univers intime d’Adela. Elle tire le rideau, une grande toile peinte à l’image de ses obsessions, et fabrique alors son théâtre d’ombre, où les jeunes filles se transforment en loup, et les pardessus en ogre.
Daniel Veronese
Né en Argentine en 1955, Daniel Veronese est connu en Europe, avant tout, par sa compagnie Periférico de objetos, qui a présenté plusieurs spectacles dérangeants sur les scènes européennes, notamment au Festival d’Avignon et au Kunsten Festival de Bruxelles. Le mot périphérique définit avant tout une perspective esthétique, un regard qui choisit de travailler avec les marges, les détours, les lignes obliques.
Manipulateur-interprète, auteur et adaptateur, Daniel Veronese est également metteur en scène. Il a écrit une quinzaine de pièces.
Représentations
Une quinzaine de représentations : Atelier RL (Paris), Théâtre de la Noue (Montreuil), Festival Le printemps de la Cuisine (Paris), L’Ogresse (Paris), Festival Onze bouge (Paris).
Date :
17 mai 2007